En pleine Question Royale et Guerre de Corée, le gouvernement PSC homogène décida de purger l’appareil d’État de tous les dangereux communistes. Il crut abattre une carte maîtresse quand sa police "découvrit" le Conseiller d’État Henri Buch attablé dans une maison privée de Hasselt, avec cinq communistes locaux. Il leur enseignait les secrets sulfureux de l’économie politique marxiste ! Un dangereux complot était donc éventé et le magistrat fut traîné devant la Cour de Cassation, à laquelle le Procureur général Cornil réclama la radiation immédiate.
Ancien Commandant national des Partisans Armés, déporté, assumant ses convictions, Buch défendit ses droits de citoyen... Et les magistrats de la Cour de Cassation démontrèrent l’indépendance de la Justice dans un pays de droit...
Cette histoire en forme de quasi polar est démontée dans cette étude que lui a consacrée José Gotovitch en 2011.
Un procès en Guerre froide : le chemin torturé du conseiller Buch
Le communisme n’a jamais été en Belgique une force politique ou sociale susceptible d’influer directement sur les cours de son histoire.
En revanche, son empreinte négative - "la peur du rouge" - l’a marquée à plusieurs reprises, y compris dans sa législation, mélange de craintes réelles, de fantasmes, d’instrumentalisation à usages multiples.
L’épisode qu’évoque cet article constitue avec le procès d’assises de 1923 [1] un moment des plus critiques et démonstratifs de la nature même de la société belge et de sa santé démocratique.
Comme le dira Camille Huysmans à la tribune de la Chambre, tout commença comme dans un roman policier [2].
[1] En 1923, dans le contexte de l’occupation de la Ruhr, 54 militants communistes sont arrêtés et 15 d’entre eux sont traduits devant la Cour d’Assises pour complot contre la sécurité de l’État. Le procès s’achèvera par un acquittement général. Cf. José GOTOVITCH, "La peur du rouge dans les dossiers de la justice belge : la signification du procès de 1923", in José GOTOVITCH et Pascal DELWIT (Edrs), La Peur du Rouge, ULB, Institut de Sociologie, Bruxelles, 1996, pp. 87-97.
[2] Séance du 6 février 1951, Annales Parlementaires, Chambre