LALMAND Edgar (1894-1965)
Par José Gotovitch
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Marchand de grains, député de Bruxelles, ministre (1945-1947), secrétaire général du Parti communiste de Belgique.
Le père d’Edgar Lalmand était issu d’une famille de fermiers ruinée et fut militaire de carrière pendant quatre ans puis employé de commerce. Il mourut à 33 ans, Edgar ayant alors six ans. Sa mère, fille d’artisan, fut servante jusqu’à son mariage. Le couple était catholique, la mère pratiquante. Demeurée veuve avec quatre enfants à charge, la mère devint concierge.
Alors qu’il demeure pratiquant jusqu’à l’âge de vingt ans, Lalmand suit les cours de l’école communale officielle et termine ensuite la 3ème commerciale à l’Athénée d’Anvers. À 16 ans, il entre comme employé dans la firme de son tuteur, agent importateur en céréales, ancien patron de son père. Dans une autobiographie de 1935, il soulignera qu’il aurait aimé poursuivre des études universitaires : les moyens modestes de sa mère ne le permirent pas. Mais les qualités du personnage s’affirment précocement : de 1913 à 1914, il effectue un stage à Londres où il acquiert la connaissance de l’anglais. Il y fréquente également des conférences organisées par des exilés russes. Il se forge ainsi, de manière autodidacte, une culture politique par la discussion et des lectures suivies dont des classiques du marxisme, en particulier traitant de l’économie. Cette soif de culture demeurera un trait dominant de sa vie.
La guerre de 1914 le rappelle en Belgique : il est mobilisé au 9ème de Ligne. C’est à la fois la fibre sociale et l’engagement pour sa langue qui le font adhérer au Frontpartij. Joris Van Severen en est le responsable pour son régiment, il le devient pour son bataillon. Malgré son évolution ultérieure, il conservera toujours une sensibilité particulière et gardera des liens avec certains milieux nationalistes flamands. La révolution de 1917 fait aussi forte impression sur lui et accélère l’évolution entamée en Angleterre. Par ailleurs, Le Feu de Barbusse ainsi que les écrits de Romain Rolland le marquent profondément. Aussi, sorti du conflit avec sept chevrons de front et le grade de sergent, Croix de guerre et diverses autres médailles, il effectue une mutation profonde. Il était devenu athée en 1915, au terme d’une longue réflexion. En désaccord avec son programme social et économique, il quitte le Frontpartij en même temps que l’armée en 1919, et adhère au premier groupe communiste anversois en 1920.