En 1963, le Parti Communiste de Belgique connaît sa scission la plus grave depuis l’exclusion des trotskystes, survenue en 1928.
À la suite de Jacques Grippa, membre récemment démissionné du Comité central , figure de la Résistance communiste au nazisme, une importante minorité de militants (et d’abord en région bruxelloise) est exclue du P.C.B. et va être à l’origine d’une tendance du communisme se proclamant "marxiste-léniniste" et que l’histoire du P.C.B. retient pour sa part sous l’appellation de "dissidence grippiste".
Cette scission intervient alors que depuis plusieurs années, un conflit grandissant - aux yeux des uns, purement opportuniste ; aux yeux des autres, fondamentalement idéologique - oppose les deux géants mondiaux du communisme, l’Union soviétique et la Chine populaire, représentés par leurs deux dirigeants-phares du moment, Nikita S. Khrouchtchev et Mao Zedong. Rappelons simplement que le conflit idéologique sino-soviétique portera sur les questions suivantes : "nature de l’impérialisme, question de la guerre, sens de la coexistence, question du passage au socialisme, question du Tiers Monde, néo-révisionnisme, etc."
Ce conflit tire déjà certaines de ses racines à la fin des années 20, après l’écrasement de la "Commune" de Canton (1927) et la "ruralisation" forcée du Parti Communiste Chinois qui s’en est suivie. Cependant, la nécessité absolue dans laquelle ce parti était de compter sur Moscou pour prendre le pouvoir en Chine (1949, fondation de la République populaire) et ensuite d’asseoir celui-ci, fit que le conflit entre les deux géants n’intervint ouvertement qu’au début des années 60.
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- Jacques Grippa et Mao - © CArCoB
C’est dans ce contexte que Jacques Grippa, profitant d’une tribune de discussion ouverte dans le quotidien du P.C.B., Le Drapeau rouge, en vue du prochain congrès du parti, fit connaître à l’ensemble des militants ses désaccords avec les orientations prises par le mouvement communiste international fidèle à Moscou - et tout particulièrement avec la direction du P.C.B. - et entama la lutte qui allait conduire, en quelques mois, à son exclusion du Comité central, puis du parti et, enfin, à la création de son propre parti, soutenu par Pékin et Tirana, premier parti marxiste-léniniste créé en Europe et principale "tête de pont chinoise" sur ce continent.