Editorial
Hier
L’exposition Affiches communistes, regards militants sur le 20e siècle a fermé ses portes le 5 janvier, au BAL (musée des beaux-arts de Liège). Elle s’est achevée sur un bilan plus que positif de 3500 visiteurs dont de nombreux groupes scolaires et syndicaux.
La coopération entre la Ville de Liège, le CHSG de l’ULB, le Mundaneum, l’IHOES et le CArCoB a porté ses fruits. Le CArCoB a parrainé deux moments forts, une visite guidée suivie d’une conférence sur les communistes au Pays de Liège qui a attiré plus de 70 personnes et un nombre équivalent lors de la journée de retrouvailles des anciens jeunes communistes liégeois. Les contacts renoués à cette occasion et la récolte de témoignages et de photos couvrant un demi-siècle de vie militante seront utiles pour notre projet d’histoire des mouvements communistes de jeunesse.
Aujourd’hui
La réorganisation et l’embellissement de nos locaux suit son cours, l’augmentation des surfaces occupées, le montage de nouveaux rayonnages, l’aménagement des réserves dans les caves vont bon train... venez nous rendre visite et découvrir nos richesses.
Demain
Une histoire de Progrès film, la société de distribution cinématographique dirigée par Didier Geluck (le grand-père du Chat) succèdera cette année à Noirs dessins du communisme, que nous avons coédité avec les Cahiers Marxistes. Une exposition d’une sélection de dessins présentés dans leur contexte historique va suivre, à l’ULB, en coopération avec le Centre d’étude d’histoire et de sociologie des gauches.
Le lecteur trouvera dans ce deuxième numéro de notre Lettre une série d’informations sur la vie et les projets du CArCoB. Il pourra également y découvrir les dernières acquisitions du Centre, la présentation de certaines archives mises à l’honneur mais aussi diverses pistes et outils de recherche.
Présentation d’outils pour approfondir l’histoire des communismes et proposition de sujets de recherche à mener au CArCoB
Nouvelles des archives communistes
A constater la multiplicité des instruments de travail existant pour explorer les archives et l’histoire des communismes, il est patent que ce domaine de recherches suscite un intérêt qui ne décroît pas, que du contraire. A l’européocentrisme qui fut de mise pendant des décennies, a succédé aujourd’hui un élargissement à l’échelle mondiale auquel n’est pas étranger l’ouverture des archives du Komintern. Pour ce mouvement qui se vécut international, cette approche globale et comparative s’avère en effet indispensable.
De multiples outils sont donc nés qui permettent de naviguer dans les archives et les travaux qui se sont multipliés. Nous en présenterons successivement dans La Lettre du CArCoB quelques-uns immédiatement accessibles. Nous débuterons avec ce qui nous apparaît comme le modèle en la matière.
The International Newsletter of Communist Studies Online
Cette véritable encyclopédie courante des études sur le communisme est annuelle et en est à sa vingt-cinquième édition. Elle est actuellement publiée sous les auspices du Centre d’histoire contemporaine de Potsdam après l’avoir été par le Centre pour la recherche sociale européenne de Mannheim. Son équipe de rédaction et ses correspondants couvrent tous les pays européens avec des antennes au Mexique, au Brésil et à Washington. Bernhard Beyerlein en est depuis toujours la cheville ouvrière. La langue de publication est principalement l’allemand et subsidiairement l’anglais. Chaque année plus fournie, elle atteint aujourd’hui plus de 400 pages. Une version réduite paraît dans l’édition papier du Jahrbuch für Historische Kommunismusforschung, revue fondée par le pionnier en la matière, Herman Weber.
Cette somme couvre de fait tous les aspects et formes de la recherche. Le relevé de ses grandes rubriques l’indique clairement si l’on sait que ce sont à chaque fois les meilleurs spécialistes nationaux qui font office d’informateurs.
Publication en ligne, elle débute par le relevé des bulletins en ligne existant et en fournit les tables. « The Newsletter of the Newsletters and Web services ». Viennent ensuite les informations sur les Centres d’archives, leurs inventaires, les déclassifications intervenues, les fonds digitalisés et à chaque fois les adresses web utiles. Particulièrement utiles sont évidemment les informations, toujours de première main, sur l’élargissement du champ des archives accessibles dans les pays « ex socialistes », mais aussi toutes les initiatives prises en Occident, en particulier à propos des fonds des différents PC.
Viennent ensuite les projets de recherche en cours, qu’ils soient collectifs ou individuels. La revue accueille de courts travaux ou des présentations de matériaux rares ou nouvellement exploités. Une très large rubrique présente les publications nouvelles, sous forme de recensions ou d’annonces. Une autre, les colloques et conférences en préparation ainsi que des appels à contribution. Une bibliographie internationale étendue (900 titres pour l’année 2011) suivie d’une très précieuse et rare liste des multiples revues spécialisées dotées de leurs sites web. Une section débats clôt la publication.
Il s’agit donc d’un état des lieux annuel accessible et indispensable à toute recherche sur l’histoire du communisme.
http://newsletter.icsap.eu/index.php?lang=de&act=onlinenewsletter
The Marxist Internet Archive
Des textes marxistes en toutes les langues ! Découverte au gré de vagabondages sur le net, une initiative étonnante et gigantesque.
Ce site, oeuvre collective s’il en est, a rien moins que l’ambition d’offrir en 60 langues des textes marxistes de base, classiques et plus contemporains. Du Kiswahli au Kurde en passant par l’Islandais ou le Croate…. Autant dire une oeuvre collective au niveau réellement mondial assurée à chaque fois par des chercheurs locaux. D’où évidemment des disparités de densité et d’orientation. On trouvera également, en anglais, des documents émanant des partis du monde entier. Un moteur de recherche permet d’interroger quelques centaines d’auteurs, des dizaines de sujets. Le contenu couvre les classiques, la IIIème et la IVème Internationale ce qui en augmente la richesse. Relevons, dans la section néerlandaise des textes de Lalmand, Terfve, Bob Claessens, Léo Apostel, Léo Michielsen, Albert De Coninck, Renaet Braem, De Brouckère et Huysmans. La section française ignore la Belgique….
Histoires du PCB
Autobiographie
Professeur émérite de biologie végétale à l’ULg, propagateur de la théorie de Lyssenko en Belgique, Cyrille Sironval fut militant clandestin, rédacteur du journal verviétois L’Aurore, et ensuite Commandant de corps des Partisans Armés. Son engagement est demeuré total, ses convictions inébranlables. À 90 ans passé, il insère les souvenirs de cette épopée dans une réflexion sur l’histoire et la marche du monde, dénonciation vigoureuse de l’exploitation capitaliste qui ne manque pas de piquant.
Quelques masters en histoire et sociologie
L’année académique a produit quelques travaux qui constituent, avec les limites du genre, des approches utiles à l’histoire du PCB et de l’extrême gauche en Belgique.
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Heylen , Bram, Voor Vrede, Veiligheid en Democratie. De KPB in de vroege Koude Orlog (1945-1946), KUleuven, 2013. -
Kapanci , Sam, Entre sociologie et histoire. Parcours d’un militant communiste, Adhémar Hennaut, ULB, 2013. -
Naert , Jan, Het Gentse Onafhankelijkheidsfront in de naoorlogse jaren "Une victoire sans lendemain ? ", UGent, 2013. -
Simoes Do Nascimento , Joao Daniel, Travailler en usine comme engagement politique : les étudiants belges en entreprise dans les années 1960-1980, ULB, 2013. -
Verheylewegen , Amandine, À la croisée d’un héritage multiple… les jeunes communistes bruxellois au début des années septante, ULB, 2013.
Sujets de recherche
De nombreux sujets en rapport avec l’histoire des communismes en Belgique et du PCB sont encore à découvrir, explorer et analyser. Sur base de ses fonds, le CArCoB a établi une liste de sujets de recherche n’ayant pas encore été approfondis. Nous espérons que ceux-ci pourront éveiller l’intérêt et la curiosité des étudiants et chercheurs.
- Les commémorations de la Révolution d’octobre de 1918 à 1990, en Belgique (ou en Wallonie et à Bruxelles) ;
- La jeunesse communiste (JCB puis JC) de 1956 à 1989 ;
- Un mouvement "politique" d’enfants : l’Union des Pionniers de Belgique ;
- Le Cercle d’Education populaire ;
- L’alliance socialiste - communiste à la Province de Liège (1936 - 1949) ;
- La fédération liégeoise du PCB de 1921 à 1940 ;
- La fédération liégeoise du PCB pendant la Résistance ;
- La fédération liégeoise du PCB de la Libération à ... 1968 (mort de Burnelle) ou à une date ultérieure ;
- Les volontaires liégeois des Brigades Internationales en Espagne ;
- La fédération boraine du PCB : de la lutte classe contre classe à l’UDP ;
- Les volontaires borains des Brigades Internationales ;
- La scission "grippistes" du PCB, le premier "maoïsme" en Belgique (1962 - 1980) ;
- Une imprimerie militante : la Société Populaire d’Edition ;
- L’action et les organisations culturelles du PCB à Bruxelles ;
- Les "codes moraux" du PCB à travers les dossiers de la Commission de Contrôle Politique et leur évolution ;
- Les Belges dans les Festivals mondiaux de la Jeunesse (1949 - 1980) ;
- Etude prosopographique des Comités Centraux du PCB de 1921 à 1990 ;
- Biographie de Jean Terfve ;
- Biographie d’Ernest Burnelle ;
- Biographie de Marcel Levaux.
Deux liens utiles
Marx, à mesure
Depuis 2007, le Cercle d’étude des Marxismes édite en ligne une anthologie commentée des écrits de Marx et Engels, sous forme de fascicules méthodiques et chronologiques, dont le quinzième vient de sortir.
A consulter sur le site de l’Association Culturelle Joseph Jacquemotte :
http://acjj.be/publications/marx-a-mesure/
Generación Lorca
Site réalisé à l’initiative du Colectivo Generación Lorca (Liège). Une source d’informations sur la mémoire de l’immigration espagnole dans la région liégeoise. (Témoignages, photos,…).
http://www.generacionlorca.be/
Nouveaux fonds d’archives accesibles aux chercheurs
La collection "Jean Fonteyne"
- Fonteyne en compagnie de Storck et Ivens, sur le tournage de Misère au borinage, 1933, fonds personnel de Jean Lemaître
L’avocat Jean Fonteyne (1899-1974) a adhéré au PCB peu après la venue au pouvoir d’Hitler en Allemagne. Son engagement communiste, au départ d’un parcours de juriste humaniste, défenseur de la veuve et de l’orphelin, coïncide avec le changement de ligne du Komintern, lorsque l’organisation communiste internationale abandonne sa position « classe contre classe » pour une stratégie de fronts populaires.
Dès ce moment, Jean Fonteyne est sur de nombreux fronts. Comme avocat, membre du Secours rouge international, il prend la défense de militants révolutionnaires pourchassés en Belgique. Il participe au tournage de « Misère au Borinage » (Storck et Ivens), après avoir réalisé, en cinéaste amateur, le premier documentaire social filmé en Belgique : « La manifestation Tayenne ». Il crée le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA), dont il assure le secrétariat. Il est co-fondateur de l’ARC, l’Association révolutionnaire culturelle. A l’automne 1939, alors que le PCF est interdit en France, il accueille clandestinement Maurice Thorez à Bruxelles. Au printemps 1940, il prend part à la défense juridique des 44 députés communistes français traduits en justice.
Dès l’entrée en guerre de la Belgique, Jean Fonteyne se met au service d’Eugène Fried, patron du Komintern pour l’« Europe latine », dont le QG a été secrètement transféré à Bruxelles. Il multiplie dès lors les missions délicates pour Fried : libération au bluff de militants internationalistes incarcérés dans le sud de la France ; financement de la base logistique du chef du Komintern. En juin 1941, Fonteyne entre en clandestinité. Il monte et coordonne le réseau « Justice Libre » du Front de l’Indépendance. Arrêté par la gestapo en mai 1943, il est transféré à Breendonck puis à Buchenwald.
En 1946, il est élu sénateur sur les listes communistes.
Suite à l’assassinat de Julien Lahaut, il sera l’avocat de la veuve du président du PCB et mènera en solo l’enquête sur les traces des assassins. Avec la guerre froide, l’appareil dirigeant communiste renoue avec une ligne très sectaire, en même temps que le parti enregistre une série de défaites électorales. En désaccord profond avec le secrétaire général Edgar Lalmand, Fonteyne ne sera plus proposé au comité central.
Début des années soixante, un schisme intervient au sein du PCB entre les « pro-Moscou » (majoritaires) et les « pro-Pékin » (minoritaires). Bien qu’en accord avec la politique de coexistence pacifique entamée par l’URSS, Jean Fonteyne désapprouve la manière brutale dont, selon lui, les dissidents sont traités. Début 1965, Jean Fonteyne est, pour ce fait, exclu du PC. Son dernier combat d’envergure sera la défense juridique du docteur Peers, victime d’interdit professionnel puis incarcéré en 1973.
La collection « Jean Fonteyne » contient de multiples documents (courriers personnels, journaux, témoignages, notes techniques, écrits politiques) éclairant le parcours exceptionnel de Jean Fonteyne, mais aussi, plus largement, des épisodes clés de l’histoire du PCB. Au CArCoB, les visiteurs pourront également consulter la version longue (1100 pages) de la biographie réalisée par Jean Lemaître (petit-fils de Fonteyne) : « C’est un joli nom camarade ! ».
Les archives "J. Posadas"
Le Collectif Archives de la IVe Internationale Posadiste a signé avec le CArCoB une convention de don et de dépôt d’une part importante de documents originaux de J. Posadas en langue espagnole, ainsi que des publications, en espagnol et en français, reprenant ses articles, ses cours et conférences adressés aux militants et cadres de la IVe Internationale Posadiste. La convention inclut également des publications du POR(T) – Parti Ouvrier Révolutionnaire Trotskyste, section belge de la IVe Internationale Posadiste, dont une collection quasi complète du journal Lutte Ouvrière (1962-2008).
J. Posadas est décédé en Italie en mai 1981. Il vécut en exil en Europe les dernières années de sa vie. Ses interventions étaient toujours orales et enregistrées, elles étaient ensuite retranscrites. Les documents rassemblés dans ces archives sont des interventions de J. Posadas lors de réunions, congrès, écoles de cadres, et conférences avec des militants commu-nistes, syndicalistes, socialistes, avec des mouvements révolution-naires de guérillas, des groupes d’intellectuels et d’artistes. J.Posadas n’était pas un « homme public » et a milité presque toute sa vie dans une semi-clandestinité.
J. Posadas est né en Argentine en 1912. Il est issu d’une famille d’ouvriers italiens émigrés, militants anarchistes. Il a commencé son activité militante comme organisateur syndical et adopta très vite les idées de Trotsky. En Argentine, il organise le GCI (Grupo IV Internacional) en 1947 et crée le journal Voz Proletaria. Il participe au mouvement péroniste ainsi qu’aux débuts du nationalisme révolutionnaire d’autres pays d’Amérique Latine. À partir de là, des sections trotskystes se développent et un Bureau latino-américain de la IVe Internationale se forme. J. Posadas participe également au Secrétariat international de l’organisation jusqu’en 1962.
La Quatrième Internationale Posadiste
Le POR(T), s’est constitué en Belgique en 1962, lorsque J. Posadas et le Bureau Latino-américain de la IVe Internationale ont rompu avec la direction internationale de l’époque afin, d’une part, de rester fidèles au programme et aux objectifs de l’organisation fondée par Trotsky en 1938 et, d’autre part, de participer pleinement à l’organisation des nouvelles forces de la révolution, telles qu’elles ont surgi après la IIème Guerre Mondiale.
Le principe de la révolution permanente, élaboré par Trotsky, s’est enrichi de la compréhension par J. Posadas, du nationalisme révolutionnaire, dès ses origines dans le péronisme, et ensuite dans toute l’Amérique Latine et dans les nombreux pays du monde qui se libéraient de l’oppression coloniale. L’apport essentiel de J. Posadas consistait à comprendre ces mouvements tels qu’ils se développaient, comme une partie de la révolution, dont le centre demeurait toujours l’Union Soviétique dont la défense inconditionnelle a toujours guidé sa pensée et son action. C’est sur cette base qu’il a élaboré le concept de la régénérescence partielle de l’Etat ouvrier, le concept de l’Etat révolutionnaire, de l’antagonisme historique entre le capitalisme et les Etats ouvriers, de l’inévitabilité de la guerre atomique. Dans le domaine de l’art, de la science, de la culture en général, J. Posadas a laissé beaucoup d’écrits qui enrichissent la conception marxiste des relations humaines.
Les textes qu’il a élaborés jusqu’aux derniers moments de sa vie restent d’une vive actualité. Ils sont une contribution à la compréhension du monde d’aujourd’hui, à l’organisation d’une nouvelle Internationale. Une partie de ces documents sont encore inédits.
Les archives "Madeleine Jacquemotte - Thonnart"
- Collection E. Gubin
D’origine liégeoise, Madeleine Thonnart est née le 30 juin 1907. Issue d’une famille bourgeoise, protestante et libérale, elle est la soeur d’Elisabeth et de Suzanne Thonnart, également militantes communistes. Elle épousa en 1933 Adrien Jacquemotte, neveu de Joseph Jacquemotte. Licenciée en philologie germanique, elle enseigna à partir de 1929 au Lycée d’Ixelles dont elle devint par la suite préfète jusqu’en 1967, date de sa retraite. Le lycée prit par la suite son nom.
Madeleine Jacquemotte – Thonnart montra un engagement militant tout au long de sa vie. Elle milita à la Ligue internationale pour la paix et la liberté, puis à la Ligue des femmes contre la guerre impérialiste. Franc-maçonne, elle fit partie de l’ordre maçonnique Le Droit Humain. Elle participa également au Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes et au Comité national des Amis de l’Union Soviétique. Sur le plan syndical elle fut membre de la section Enseignement et adhéra en 1933 à la Centrale générale du personnel enseignant socialiste. Elle entra en sous-marin au PCB en 1936, ayant eu des problèmes depuis 1933 avec les autorités communales d’Ixelles en raison de ses activités militantes. Elle fut notamment rappelée à l’ordre suite à son engagement en faveur de l’Espagne républicaine.
Résistante durant la Seconde guerre mondiale, elle fut responsable des enseignants communistes bruxellois. Elle participa aux manifestations de femmes, fit partie du Front de l’Indépendance dès 1941 et contribua au périodique Liberté. À partir de 1942 elle entra en clandestinité sous le pseudonyme d’Henriette. Durant cette période elle s’occupa tout d’abord du périodique Enseignement et puis fut appelée à la direction régionale de Solidarité. Arrêtée le 19 juillet 1943, elle fut incarcérée à la prison de Saint-Gilles, puis envoyée dans les prisons allemandes. Elle fut ensuite détenue au camp de Vught où elle retrouva sa soeur Elisabeth. Toutes deux furent déportées à Ravensbrück en septembre 1944. Madeleine fut rapatriée fin juin 1945.
Elle continua ses activités militantes après-guerre et durant la Guerre froide, mais cette fois-ci officiellement en tant que communiste. Poursuivant ses responsabilités syndicales, elle occupa le poste de secrétaire de la section Enseignement jusqu’à sa retraite.
Retraitée, son engagement fut toujours aussi solide. Elle prit notamment part au mouvement pacifiste en participant aux campagnes contre la guerre au Vietnam et pour la libération d’Angela Davis.
Elle publia ses mémoires en 1992 et 1994 (Madeleine Jacquemotte -Thonnart, Ma vie de militante. 1907 -1945, t. 1, Bruxelles, Université des femmes, 1992 ; Ibidem, 1945 à nos jours, t. 2, Bruxelles, Université des Femmes, 1994).
Son neveu, Willy Wolsztajn, a décidé de faire don au CArCoB des archives de sa tante. Il s’agit là d’un riche fonds d’archives retraçant au travers de l’engagement de Madeleine Jacquemotte, militante et actrice de cette époque, des événements et des luttes ayant émaillé un 20e siècle pas si lointain. Le chercheur pourra notamment trouver au sein de ce fonds une importante correspondance, des écrits personnels portant sur les nombreuses luttes auxquelles Madeleine participa (mouvement pour la paix, Vietnam, Cambodge, Nicaragua, libération d’Angela Davis, …), mais aussi des archives quant à son implication dans la Résistance, le Comité Mondial des femmes, le Rassemblement des Femmes pour la Paix, le CVIA, sur son action syndicale et son activité en tant qu’enseignante (pacte scolaire, enseignement rénové,…).
Acquisitions récentes de la bibliothèque
Le CArCoB est non seulement un centre d’archives mais il recèle également une riche bibliothèque en matière d’histoire des communismes et des événements, luttes et mouvements en rapport avec ceux-ci, en Belgique et à l’étranger. Le Centre continue régulièrement d’accroître cette bibliothèque spécialisée, véritable outil pratique.
Alexander , Robert J., International Trotskyism, 1929-1985 : a documented analysis of the movement, Durham and London, Duke University Press, 1991, 1125 p.
« Cette étude monumentale est à la fois une histoire et une encyclopédie d’un des mouvements socialistes les plus durables et omniprésents du vingtième siècle, le Trotskysme. Ecrit dans une perspective globale, ce travail consiste largement dans des articles sur le trotskysme tel qu’il apparut dans différents pays, classés alphabétiquement de l’Albanie à la Yougoslavie. Il s’agit d’un travail de référence indispensable pour toute collection en sciences sociales et histoire contemporaine ».
Agosti , Aldo e Colombini , Chiara, Resistenza e autobiografia della nazione. Uso pubblico, rappresentazione, memoria, Torino, Edizioni SEB 27, 2012, 351 p.
Le cent-cinquantième anniversaire de l’unification italienne a offert l’occasion de repenser non seulement au moment fondateur de l’Unité nationale, mais aussi de réévaluer le progrès de la construction de la nation italienne dans son ensemble. Dans cette réévaluation, la Résistance n’occupe pas un rôle de protagoniste. Pourtant même pour l’Italie, comme pour la plupart des pays de notre continent, le moment culminant de la « guerre civile européenne » - coïncidant avec la lutte pour la Libération contre le nazisme et le fascisme - représente un moment de redéfinition de sa propre identité civile et nationale. Ceci peut se rapprocher du Risorgimento : tous deux sont pris comme fondement de la constitution formelle et matérielle du Royaume et de la République, et les valeurs de chacun devinrent une part d’un nouveau lexique apparemment commun. D’autre part, l’un et l’autre sont introduits dans l’ADN de la nation sans être complètement métabolisés, et survit la charge de tension et l’antagonisme des deux « Italie » qui vécurent comme des étrangères l’une à l’autre. La manière dont la Résistance italienne a été représentée (enseignée, racontée, communiquée) constitue une observation significative de cette tension.
Wolf , Michael, Chinese propaganda posters (1921 - 1971). With Essays by Anchee Min, Duo Duo and Stefan R. Landsberger, Köln, Taschen, 2011, 320 p.
Avec son visage lisse, rouge et irradiant de lumière, le Président Mao Zedong est un motif incontournable des affiches de propagande, entre la naissance de la République populaire de Chine en 1949 et le début des années 80.
Ces affiches faisaient intégralement partie de la vie des Chinois dans les gares, les écoles, les journaux, les magazines, jusque dans leurs maisons. Le Président Mao, représenté en superhéros (alias Le Grand Maître, le Grand Guide, le Grand Timonier, le Commandeur Suprême) était mis en scène dans toutes sortes de situations (inspectant les usines, fumant une cigarette avec des paysans, devant le fleuve Yang-Tsé-Kiang en robe de chambre, à la proue d’un navire, ou au-dessus d’une mer de drapeaux rouges), entouré d’hommes sans âge et rayonnants de santé, ainsi que de femmes et d’enfants portant d’amples vêtements ternes et asexués.
Le but de ces affiches était à la fois de montrer au peuple chinois quelle disposition morale on attendait de lui et d’illustrer le prestigieux futur réservé à la Chine communiste, si tout le monde s’unissait pour suivre le même chemin vers l’utopie. Mêlant réalité et fiction selon le style propre à l’art de propagande, ces affiches semblaient suggérer que Mao était une force omniprésente qui mènerait la Chine au bonheur et à la gloire.
Ce livre rassemble une sélection d’œuvres et d’objets culturels de propagande issus de l’importante collection d’affiches du photographe Michael Wolf, dont beaucoup sont devenus très rares. Michael Wolf vit à Hong Kong depuis huit ans et travaille comme photographe pour Stern. Il collectionne affiches et photographies depuis l’époque de la Révolution culturelle jusqu’à aujourd’hui.
Ducoulombier , Romain, Vive les Soviets. Un siècle d’affiches communistes, Paris, Editions Les Echappés, 2012, 144 p.
Fondée sur des collections privées exceptionnelles d’affiches politiques françaises du XXe siècle, cette histoire retrace la guerre visuelle qui s’est livrée pendant près de cent ans sur les murs de France. De Jaurès à Mélenchon, l’affiche est devenue un média majeur de propagande et d’influence sur les foules, avec ses codes, ses techniques et ses artistes. Esthétique ou brutale, complexe ou caricaturale, l’affiche politique illustrée a eu sa belle époque et ses grandes crises.
Le Parti communiste, avec ce qu’il montre et ce qu’il cache, fut tout au long du siècle dernier un redoutable producteur d’images et de symboles. Entre la faucille et le marteau, l’ouvrière et le drapeau, l’auteur en analyse les évolutions et les usages en accompagnant son propos de cent cinquante affiches emblématiques minutieusement sélectionnées. Les influences étrangères, les grands noms, les slogans comme les non-dits sont passés au crible par l’historien qui s’appuie, quand il le faut, sur les archives de Moscou. C’est la gauche qui a inventé l’affiche politique moderne… Et par l’image, c’est d’un autre monde qu’elle a rêvé.
Lebourg , Nicolas, Mort aux Bolchos. Un siècle d’affiches anticommunistes, Paris, Editions Les Echappés, 2012, 143 p.
L’affiche anticommuniste française tente d’imposer une vision du monde où le communisme n’aurait pas sa place. L’affichage massif permet de montrer que l’on représente une force sociale. Mais le trop-plein nuit à l’efficacité. Dans la France sous Vichy, la nécessité de l’imposition de l’ordre politique entraîne une débauche d’affichage : les murs deviennent des bandes dessinées sinistres à force d’images vantant la collaboration. Il est dès lors délicat d’accrocher le regard du passant avec une telle pléthore de documents sur les murs. Ceux-ci n’ont donc la parole, comme disait un slogan de Mai 68, que s’ils sont utilisés rationnellement.
Le présent ouvrage a été confronté à une question de ce type. Comment sélectionner au sein d’un siècle d’affiches politiques, avec la pluralité de sources d’une opposition qui transcende les clivages politiques ? Furent choisis des documents pour ce qu’ils nous disaient du siècle, souvent, pour leur beauté aussi, parfois.
« Anticommuniste », si possible « primaire », il s’agit là d’abord d’une expression de la propagande communiste. Il importe de disqualifier toute parole non validée par le Parti : « Un anticommuniste est un chien » lâchait Jean-Paul Sartre. C’est pourquoi « l’anticommunisme » dont il est question ici est celui qui s’oppose au PCF, rassemblant nombre d’émetteurs, de l’extrême droite radicale à l’anarchisme. Parmi eux, il n’y a pas d’homogénéité de pensée, mais un ensemble de figures structurantes utilisées afin de diaboliser le Parti.
Morgan , Kevin, Cohen , Gidon and Flinn , Andrew (eds), Agents of the Revolution. New biographical approaches to the history of international communism in the age of Lenin and Stalin, Bern, Peter Lang, 2005, 319 p.
Utilisant les archives du Komintern, des interviews orales et un large éventail d’autres sources, cet ouvrage collectif présente un échantillon de certains travaux passionnants dans le domaine de la biographie communiste. Géographiquement, ces contributions viennent aussi bien d’Amérique du Nord et de Nouvelle Zélande que d’un certain nombre de pays européens. Certains chapitres se concentrent sur des personnalités comme Clara Zetkin, William Z. Foster, Umberto Terracini, William Gallacher ou Jozsef Pogány. D’autres adoptent une approche collective pour explorer les cultures communistes dans l’Autriche rurale ou aux Pays-Bas, ou l’impact d’institutions telles l’International Lenin School. Le lecteur trouvera également des chapitres portant sur des biographies institutionnelles communistes, l’importance des générations et des liens familiaux...
Verschueren , Nicolas, Fermer les mines en construisant l’Europe. Une histoire sociale de l’intégration européenne, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, Euroclio n°74, 2013, 380 p.
Et si les mineurs étaient les vrais pères fondateurs de l’Europe ? La question est faussement provocatrice. L’histoire de la construction européenne a une dimension sociale largement sous-estimée contribuant à faire de l’Union européenne un corps institutionnel désincarné.
De la bataille du charbon aux luttes sociales dans les années 1970, l’auteur porte un regard inédit sur l’intégration européenne où les enjeux économiques et sociaux se jouent à Bruxelles mais se réalisent dans les bassins charbonniers. A partir de l’histoire des ouvriers de la mine après 1945, il peint un tableau impressionniste de l’histoire sociale de la construction européenne associant architecture du logement ouvrier, politiques sociales ambitieuses, résistances des mineurs et culture ouvrière. Le Borinage devient un laboratoire où la formule « fermeture des mines et reconversion industrielle » donne un résultat des plus surprenants. L’histoire sociale de l’Union européenne cesse alors d’être un mirage pour se dessiner au fusain.
Victor Serge. Carnets (1936 - 1947), Nouvelle édition établie par Claudio Albertani et Claude Rioux, Marseille, Agone, 2012, 836 p.
Ces Carnets tracent un trait d’union avec tout ce que le XIXe siècle a forgé de souffle révolutionnaire. Dans une époque bouleversée, à laquelle lui-même et ses semblables ont participé, Serge ne renonce jamais à comprendre, pour anticiper ce que sera la suite. Loin de toute nostalgie ou d’abandon, il donne ici, soixante ans après sa disparition, un grand livre de résistance.
Fruits d’une discipline militante et littéraire, ces pages sont livrées à la lecture sans médiation ni correction : des analyses politiques, témoignages et réflexions personnelles qui proposent les éléments d’une contre-histoire des années capitales du XXe siècle ; où l’on retrouve personnes croisées et paysages traversées, de Bruxelles à Mexico, en passant par Paris et Marseille.
Né à Bruxelles en 1890 dans une famille d’exilés anti-tsaristes, Victor Serge rejoint la Russie à l’annonce de la révolution. Membre de l’Opposition de gauche du parti bolchevique, il connaît la prison puis la relégation en Oural. En 1936, il est expulsé d’URSS après des années d’interventions de militants et d’écrivains. En 1941, il fuit la France pour rejoindre l’Amérique centrale et meurt à Mexico en 1947.
Au détour d’une travée...
Le film "Non à l’aventure"
Un centre d’archives peut être comme un grenier aux mille trésors, recelant des documents inattendus et parfois oubliés. Une balade dans les dépôts du CArCoB permet de découvrir (ou de redécouvrir) au détour d’une travée des archives particulières. Ces découvertes procurent un peu la même sensation que lorsqu’on ouvrait la vieille malle aux trésors lors d’une incursion sous les combles des toits. Dans cette malle bien souvent, se trouvaient enfermés des objets, documents, photos,… nous permettant de soulever un coin du voile recouvrant le passé et esquissant une (ou des) histoire(s).
Pour cette nouvelle rubrique nous avons décidé, le temps d’un instant, de faire un retour au début des années cinquante avec le film « Non à l’aventure ». Produit en 1952 par le Parti Communiste de Belgique, il s’agit d’un film noir et blanc de 12 minutes, tourné en 16 mm. Celui-ci constitue une archive filmique intéressante pour quiconque s’intéresse à l’histoire internationale du début des années cinquante et à la prise de position du PCB face au projet de mise en place de la Communauté Européenne de Défense. A l’aide de marionnettes représentant certains acteurs de cet épisode de la construction européenne, les réalisateurs mettent en scène et retracent dans les grandes lignes les enjeux et l’opinion du Parti par rapport à la CED.
Fin des années 40, début des années 50, la coopération européenne se construit et se développe sur le plan économique et militaire, et ce dans un contexte de début de guerre froide. Dans cette période d’après-guerre, les blocs se forment peu à peu sur fond d’enjeux économiques étroitement liés à la reconstruction et aux influences politiques internationales. En Europe occidentale monte peu à peu la crainte d’une menace soviétique et communiste.
Plusieurs traités sont ratifiés dans ce contexte. C’est le cas notamment de l’OECE, du plan Schuman puis de la CECA, mais aussi de l’OTAN. En 1952, toujours face à cette peur d’une agression communiste et dans un contexte d’influence américaine, l’Europe occidentale voit poindre le projet d’une Communauté européenne de défense créant une armée commune intégrant plusieurs armées européennes. Parmi ces forces armées communes, l’on retrouve des soldats allemands. Mais voilà, le projet coince ! Ça coince, et pas seulement au niveau des milieux communistes occidentaux. Au-delà de tous les enjeux concomitants à l’influence et à la dépendance de l’Europe face aux USA, la possibilité d’un réarmement allemand sept ans après la fin de la Seconde guerre mondiale a du mal à passer. Aôut 1954. C’est finalement de la France que viendra une opposition définitive à la ratification du traité de la CED. Soulignons néanmoins que celui-ci avait été ratifié par la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne.
Lors de cette saga, on peut facilement s’imaginer la position du PCB. Influence grandissante des Etats-Unis, orientation économique vers le capitalisme et l’impérialisme, opposition au communisme et, cerise sur le gâteau, réarmement de l’Allemagne. La position est nette et sans appel comme nous le montre « Non à l’aventure ». Juché en haut de sa tour, Spaak préside une assemblée d’hommes politiques avec, à ses côtés, Truman et Adenauer. Le ton est donné par le dialogue mis en place :
« Spaak : J’ai peur, messieurs, j’ai peur. A notre porte fleuri un régime inique, basé sur le respect du travail, et qui interdit de vivre de la sueur d’autrui. Supporterons-nous un jour d’être privés de notre liberté individuelle ? Non Messieurs, volons au secours de nos portefeuilles. Organisons notre défense dans un total esprit d’indépendance.
Truman : [En aparté] Pour l’indépendance de l’Europe rien de tel que les recettes américaines…
Spaak : Reprenons une idée chère à un grand homme malheureusement disparu. Faisons l’Europe unie et donnons-lui une armée où la place d’honneur sera réservée aux nazis, SS et autres vétérans du front de l’Est. Derrière le rideau de fer grandit une terrible menace pour notre belle civilisation occidentale. Derrière le rideau de fer, une formidable armée se prépare depuis 10 ans à fondre sur nous ! Oui, à la seule pensée de ce qu’il se passe derrière le rideau de fer, je frémis. Il vaut mieux gagner la guerre avec des généraux allemands que de la perdre avec des généraux belges. Nous tenons à garantir aux travailleurs de chez nous, la garantie d’être mal payés, de chômer, et de mourir au fond de nos mines. Nous tenons à garantir aux industriels, le fruit de cet état de chose. Et si la Russie mettait une évidente mauvaise volonté à nous attaquer, l’armée européenne nous sera encore d’une grande utilité. Imaginez un peu que nos peuples prétendent tout à coup se gouverner eux-mêmes. »
Face à cette tablée de politiques en faveur de la CED, la base, le peuple ouvrier trimant dans les mines. Ces travailleurs, groupés autour du PCB présenté comme seul à défendre la paix en s’opposant à la CED, mettent « hors d’état de nuire les capitalistes, banquiers et filous embarqués dans l’aventure européenne comme une bande de rats affamés dans un fromage. Ils mettent un terme à l’ingérence étrangère dans les affaires du pays. » U.S. Go home ! Le message est on ne peut plus clair. La construction et réalisation du film est parfaitement imagée et on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec le travail des dessinateurs et caricaturistes communistes.
Ce document filmique est intéressant non seulement du point de vue de l’histoire politique, mais il l’est tout autant quant à la communication du PCB, et la construction de son discours.
Avis de recherche ! Qui est Bil.Boquet ?
Le CArCoB cherche à identifier l’auteur de cette affiche réalisée à l’occasion des élections législatives de 1946. Celle-ci est signée BIL.BOQUET et a été éditée par les Editions du Croquis à Bruxelles, avec pour éditeur responsable E. Hutse. Elle marque l’engagement du PCB dans la lutte pour la hausse de la production assortie de l’augmentation salariale.
Jacques Nagels, Jacques Lemaître et Roger Somville, trois figures historiques du PCB nous ont quittés
Jacques Nagels
Né en 1937, Jacky Nagels débarqua « en communisme » à l’ULB en 1958 après un passé militant à l’Humanistisch Verbond. Il ne le quittera plus, s’imposant immédiatement par son érudition marxiste, ses capacités stratégiques, son entregent. Parallèlement à son brillant parcours scientifique, il est élu au Comité Central du PCB en 1968, après avoir joué un rôle essentiel à l’ULB dans la réforme de l’institution universitaire. Député de 1981 à 1983, il intègre le Bureau Politique en 1983 et y demeure jusqu’en 1990. Il a animé le très productif Groupe d’économie marxiste et tâté du monde des affaires à la tête de la société d’import export Tracosa. Le CArCoB détient des archives de l’époque des Étudiants communistes, les dossiers du Comité Central et du Bureau Politique, ainsi qu’un exemplaire des mémoires inédites qu’il acheva en 2010.
Jacques Lemaître
Jacques Lemaître, né dans la région bruxelloise en 1923, est décédé à La Louvière le 7 mars 2014. Jeune communiste en 1936, résistant, partisan armé, engagé volontaire, membre du PCB depuis 1944. Diplômé docteur en médecine, il est conséquent avec son engagement social et choisit une carrière dans un hôpital public, à La Hestre. Membre du comité fédéral de Thudinie, arrondissement où il réside, il est élu régulièrement au Comité central du PCB depuis 1973. Militant de la CGSP, actif dans la grève de 1960-61, il a été aussi un des animateur du GERM (groupe d’étude pour la réforme de la médecine) et vice-président de la Fondation Willy Peers dont il fût le collègue et le camarade. Il est l’auteur de nombreuses publications et articles parus dans les Cahiers marxistes. Jacques Lemaître avait épousé Michèle Fonteyne, fille de Jean Fonteyne auquel leur fils a consacré une biographie sous le titre C’est un joli nom camarade. Michel et Jacques Lemaître ont mené de nombreuses recherches sur l’histoire du PC dans la région du Centre. Ces inédits et d’autres documents de leur parcours militant, inventoriés par leurs soins, sont consultables au CArCoB.
Roger Somville
Roger Somville, né en 1923, est décédé le 31 mars 2014. Figurant parmi les principaux artistes belges de la seconde moitié du 20e siècle, il fut membre du Parti communiste de Belgique depuis 1949. Il manifesta une fidélité à toute épreuve jusqu’à son dernier souffle à l’idéal communiste.
N’ayant jamais voulu faire partie des instances dirigeantes du PCB il donna à son engagement une portée philosophique. Il militait les pinceaux à la main, son art étant son moyen d’expression. Cependant, il mit à maintes reprises sa notoriété au service du parti en acceptant notamment de figurer sur les listes électorales.
Le CArCoB met à la disposition des lecteurs, des livres de et sur Roger Somville, ainsi qu’un dossier biographique et le film réalisé par Jean-Christophe YU, Somville, un artiste parmi les hommes.
Nouvelle publication, nouvellement en vente...
Nouvelle publication
« Noirs dessins du communisme. Caricatures et dessins d’humour dans la presse communiste en Belgique (1921 - 1990) », in Cahiers Marxistes, n° 243, Novembre - Décembre 2013, 150 p.
Né à l’initiative de Jacques Moins, le projet de publier, sous forme d’anthologie commentée, une centaine de dessins parus de 1921 à 1990 a abouti cet automne à la publication d’un numéro spécial des Cahiers Marxistes, « Noirs dessins du communisme ».
En effet, on sait peu, ou pas du tout, que le dessin politique, dénonciateur ou humoristique, fut pratiqué dans la presse communiste dès son apparition, en 1921. Ces journaux agirent en précurseurs et l’un des fondateurs du parti, War Van Overstraeten, signa ainsi lui-même quelques planches. Pendant la guerre froide, les dessins de Diluck, (Didier Geluck, le grand père du Chat en quelque sorte) soulignèrent l’âpreté du combat politique. Dans les années 1970 et 1980, une succession de talentueux dessinateurs, professionnels et amateurs, apportèrent un ton parfois sarcastique, souvent hilarant, au Drapeau Rouge et à la presse de la Jeunesse communiste.
Faire du dessin humoristique dans le journal officiel d’un parti communiste n’allait pas de soi. Les limites du « dessiner juste » et de la « juste ligne », de l’autodérision, la liberté de création en somme, furent variables au cours de ces décennies.
Plusieurs dessinateurs s’en rappellent et s’en expliquent. On y trouve les signatures entre autres, de Paul Aron, Philippe Moins, Jean-Jacques Jespers, Jean Paul Vankeerbergen, Jules Pirlot, Pierre Ergo, Jean-Jacques Heirwegh, Claude Renard, Pierre Galand pour les textes ; de Philippe Moins, Jo Dustin, Willy Wolsztajn, Walter Burniat, Marcelle Lavachery, Diluck, Lumor, Willy Michaux pour les dessins. Laurence Van Nuijs y apporte une contribution originale à propos de Louis Paul Boon et Maurice Roggeman dans la Roode Vaan de 1945-1946.
Nouvellement en vente au CArCoB
Jeudi 25 avril 1974. Lisbonne. Les studios de Rádio Renascença. Programme « Limite ». Minuit vingt minutes et dix-neuf secondes… À cet instant précis, un journaliste et un technicien trompent la censure et diffusent sur les ondes la chanson « Grândola Vila Morena » de José Afonso. C’est le signal convenu, avec le mouvement clandestin des capitaines, pour lancer l’insurrection militaire contre le régime fasciste du Portugal.
Ce livre détaille la façon dont ce coup de maître a été réussi. Il retrace l’histoire de la chanson et de son auteur.
Quarante ans se sont écoulés. « Grândola Vila Morena » retrouve une seconde jeunesse. Au Portugal, et ailleurs en Europe, la chanson accompagne aujourd’hui les actions contre l’austérité sociale, devenant un hymne international d’union et d’espoir.
Mercedes Guerreiro est née en 1961 au Portugal. Elle passe sa jeunesse en Belgique, où son père opposant au régime, a trouvé refuge. Journaliste, elle travaille aujourd’hui à la mairie d’Aljustrel, dans l’Alentejo.
Jean Lemaître est né en 1954. Journaliste et enseignant à l’IHECS - Bruxelles. Il est l’auteur de C’est un joli nom, camarade (Aden, 2012). Le Portugal est devenu sa seconde patrie.
https://www.youtube.com/watch?v=-nmUQ1ie3lo&feature=youtu.be
http://www.radiopanik.org/emissions/panik-sur-la-ville/grandola-vila-morena/