Acquisitions récentes de la bibliothèque

 

Le CArCoB est non seulement un centre d’archives mais il recèle également une riche bibliothèque en matière d’histoire des communismes et des événements, luttes et mouvements en rapport avec ceux-ci, en Belgique et à l’étranger. Le Centre continue régulièrement d’accroître cette bibliothèque spécialisée, véritable outil pratique.

 

Alexander, Robert J., International Trotskyism, 1929-1985 : a documented analysis of the movement, Durham and London, Duke University Press, 1991, 1125 p.

« Cette étude monumentale est à la fois une histoire et une encyclopédie d’un des mouvements socialistes les plus durables et omniprésents du vingtième siècle, le Trotskysme. Ecrit dans une perspective globale, ce travail consiste largement dans des articles sur le trotskysme tel qu’il apparut dans différents pays, classés alphabétiquement de l’Albanie à la Yougoslavie. Il s’agit d’un travail de référence indispensable pour toute collection en sciences sociales et histoire contemporaine ».

Dr. Orest Pelech, Duke University
 

Agosti, Aldo e Colombini, Chiara, Resistenza e autobiografia della nazione. Uso pubblico, rappresentazione, memoria, Torino, Edizioni SEB 27, 2012, 351 p.

Le cent-cinquantième anniversaire de l’unification italienne a offert l’occasion de repenser non seulement au moment fondateur de l’Unité nationale, mais aussi de réévaluer le progrès de la construction de la nation italienne dans son ensemble. Dans cette réévaluation, la Résistance n’occupe pas un rôle de protagoniste. Pourtant même pour l’Italie, comme pour la plupart des pays de notre continent, le moment culminant de la « guerre civile européenne » - coïncidant avec la lutte pour la Libération contre le nazisme et le fascisme - représente un moment de redéfinition de sa propre identité civile et nationale. Ceci peut se rapprocher du Risorgimento : tous deux sont pris comme fondement de la constitution formelle et matérielle du Royaume et de la République, et les valeurs de chacun devinrent une part d’un nouveau lexique apparemment commun. D’autre part, l’un et l’autre sont introduits dans l’ADN de la nation sans être complètement métabolisés, et survit la charge de tension et l’antagonisme des deux « Italie » qui vécurent comme des étrangères l’une à l’autre. La manière dont la Résistance italienne a été représentée (enseignée, racontée, communiquée) constitue une observation significative de cette tension.

 

Wolf, Michael, Chinese propaganda posters (1921 - 1971). With Essays by Anchee Min, Duo Duo and Stefan R. Landsberger, Köln, Taschen, 2011, 320 p.

Avec son visage lisse, rouge et irradiant de lumière, le Président Mao Zedong est un motif incontournable des affiches de propagande, entre la naissance de la République populaire de Chine en 1949 et le début des années 80.
Ces affiches faisaient intégralement partie de la vie des Chinois dans les gares, les écoles, les journaux, les magazines, jusque dans leurs maisons. Le Président Mao, représenté en superhéros (alias Le Grand Maître, le Grand Guide, le Grand Timonier, le Commandeur Suprême) était mis en scène dans toutes sortes de situations (inspectant les usines, fumant une cigarette avec des paysans, devant le fleuve Yang-Tsé-Kiang en robe de chambre, à la proue d’un navire, ou au-dessus d’une mer de drapeaux rouges), entouré d’hommes sans âge et rayonnants de santé, ainsi que de femmes et d’enfants portant d’amples vêtements ternes et asexués.
Le but de ces affiches était à la fois de montrer au peuple chinois quelle disposition morale on attendait de lui et d’illustrer le prestigieux futur réservé à la Chine communiste, si tout le monde s’unissait pour suivre le même chemin vers l’utopie. Mêlant réalité et fiction selon le style propre à l’art de propagande, ces affiches semblaient suggérer que Mao était une force omniprésente qui mènerait la Chine au bonheur et à la gloire.
Ce livre rassemble une sélection d’œuvres et d’objets culturels de propagande issus de l’importante collection d’affiches du photographe Michael Wolf, dont beaucoup sont devenus très rares. Michael Wolf vit à Hong Kong depuis huit ans et travaille comme photographe pour Stern. Il collectionne affiches et photographies depuis l’époque de la Révolution culturelle jusqu’à aujourd’hui.

 

Ducoulombier, Romain, Vive les Soviets. Un siècle d’affiches communistes, Paris, Editions Les Echappés, 2012, 144 p.

Fondée sur des collections privées exceptionnelles d’affiches politiques françaises du XXe siècle, cette histoire retrace la guerre visuelle qui s’est livrée pendant près de cent ans sur les murs de France. De Jaurès à Mélenchon, l’affiche est devenue un média majeur de propagande et d’influence sur les foules, avec ses codes, ses techniques et ses artistes. Esthétique ou brutale, complexe ou caricaturale, l’affiche politique illustrée a eu sa belle époque et ses grandes crises.
Le Parti communiste, avec ce qu’il montre et ce qu’il cache, fut tout au long du siècle dernier un redoutable producteur d’images et de symboles. Entre la faucille et le marteau, l’ouvrière et le drapeau, l’auteur en analyse les évolutions et les usages en accompagnant son propos de cent cinquante affiches emblématiques minutieusement sélectionnées. Les influences étrangères, les grands noms, les slogans comme les non-dits sont passés au crible par l’historien qui s’appuie, quand il le faut, sur les archives de Moscou. C’est la gauche qui a inventé l’affiche politique moderne… Et par l’image, c’est d’un autre monde qu’elle a rêvé.

 

Lebourg, Nicolas, Mort aux Bolchos. Un siècle d’affiches anticommunistes, Paris, Editions Les Echappés, 2012, 143 p.

L’affiche anticommuniste française tente d’imposer une vision du monde où le communisme n’aurait pas sa place. L’affichage massif permet de montrer que l’on représente une force sociale. Mais le trop-plein nuit à l’efficacité. Dans la France sous Vichy, la nécessité de l’imposition de l’ordre politique entraîne une débauche d’affichage : les murs deviennent des bandes dessinées sinistres à force d’images vantant la collaboration. Il est dès lors délicat d’accrocher le regard du passant avec une telle pléthore de documents sur les murs. Ceux-ci n’ont donc la parole, comme disait un slogan de Mai 68, que s’ils sont utilisés rationnellement.
Le présent ouvrage a été confronté à une question de ce type. Comment sélectionner au sein d’un siècle d’affiches politiques, avec la pluralité de sources d’une opposition qui transcende les clivages politiques ? Furent choisis des documents pour ce qu’ils nous disaient du siècle, souvent, pour leur beauté aussi, parfois.
« Anticommuniste », si possible « primaire », il s’agit là d’abord d’une expression de la propagande communiste. Il importe de disqualifier toute parole non validée par le Parti : « Un anticommuniste est un chien » lâchait Jean-Paul Sartre. C’est pourquoi « l’anticommunisme » dont il est question ici est celui qui s’oppose au PCF, rassemblant nombre d’émetteurs, de l’extrême droite radicale à l’anarchisme. Parmi eux, il n’y a pas d’homogénéité de pensée, mais un ensemble de figures structurantes utilisées afin de diaboliser le Parti.

 

Morgan, Kevin, Cohen, Gidon and Flinn, Andrew (eds), Agents of the Revolution. New biographical approaches to the history of international communism in the age of Lenin and Stalin, Bern, Peter Lang, 2005, 319 p.

Utilisant les archives du Komintern, des interviews orales et un large éventail d’autres sources, cet ouvrage collectif présente un échantillon de certains travaux passionnants dans le domaine de la biographie communiste. Géographiquement, ces contributions viennent aussi bien d’Amérique du Nord et de Nouvelle Zélande que d’un certain nombre de pays européens. Certains chapitres se concentrent sur des personnalités comme Clara Zetkin, William Z. Foster, Umberto Terracini, William Gallacher ou Jozsef Pogány. D’autres adoptent une approche collective pour explorer les cultures communistes dans l’Autriche rurale ou aux Pays-Bas, ou l’impact d’institutions telles l’International Lenin School. Le lecteur trouvera également des chapitres portant sur des biographies institutionnelles communistes, l’importance des générations et des liens familiaux...

 

Verschueren, Nicolas, Fermer les mines en construisant l’Europe. Une histoire sociale de l’intégration européenne, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, Euroclio n°74, 2013, 380 p.

Et si les mineurs étaient les vrais pères fondateurs de l’Europe ? La question est faussement provocatrice. L’histoire de la construction européenne a une dimension sociale largement sous-estimée contribuant à faire de l’Union européenne un corps institutionnel désincarné.
De la bataille du charbon aux luttes sociales dans les années 1970, l’auteur porte un regard inédit sur l’intégration européenne où les enjeux économiques et sociaux se jouent à Bruxelles mais se réalisent dans les bassins charbonniers. A partir de l’histoire des ouvriers de la mine après 1945, il peint un tableau impressionniste de l’histoire sociale de la construction européenne associant architecture du logement ouvrier, politiques sociales ambitieuses, résistances des mineurs et culture ouvrière. Le Borinage devient un laboratoire où la formule « fermeture des mines et reconversion industrielle » donne un résultat des plus surprenants. L’histoire sociale de l’Union européenne cesse alors d’être un mirage pour se dessiner au fusain.

 

Victor Serge. Carnets (1936 - 1947), Nouvelle édition établie par Claudio Albertani et Claude Rioux, Marseille, Agone, 2012, 836 p.

Ces Carnets tracent un trait d’union avec tout ce que le XIXe siècle a forgé de souffle révolutionnaire. Dans une époque bouleversée, à laquelle lui-même et ses semblables ont participé, Serge ne renonce jamais à comprendre, pour anticiper ce que sera la suite. Loin de toute nostalgie ou d’abandon, il donne ici, soixante ans après sa disparition, un grand livre de résistance.
Fruits d’une discipline militante et littéraire, ces pages sont livrées à la lecture sans médiation ni correction : des analyses politiques, témoignages et réflexions personnelles qui proposent les éléments d’une contre-histoire des années capitales du XXe siècle ; où l’on retrouve personnes croisées et paysages traversées, de Bruxelles à Mexico, en passant par Paris et Marseille.
Né à Bruxelles en 1890 dans une famille d’exilés anti-tsaristes, Victor Serge rejoint la Russie à l’annonce de la révolution. Membre de l’Opposition de gauche du parti bolchevique, il connaît la prison puis la relégation en Oural. En 1936, il est expulsé d’URSS après des années d’interventions de militants et d’écrivains. En 1941, il fuit la France pour rejoindre l’Amérique centrale et meurt à Mexico en 1947.

 

 
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